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La vie entre les bâtiments : la mémoire du lieu


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Au milieu de l'effervescence des villes et de leurs immeubles imposants, l'architecte danois Jan Gehl murmure une vérité insaisissable : « L'âme d'une ville ne réside pas dans les pierres de ses bâtiments, mais dans les espaces qui les séparent.» Dans son célèbre ouvrage, « La vie entre les bâtiments : l'espace public », Gehl renverse les normes, affirmant que la beauté de l'urbanisme ne réside pas dans l'immensité de ses tours, mais dans la chaleur de ses places, la vivacité de ses trottoirs et la richesse des rencontres fugaces qui créent la mémoire d'un lieu.


Plongeons avec les réflexions de Gehl dans les couloirs labyrinthiques de deux anciennes cités arabes : Bagdad, avec ses marchés autrefois chantants, et Le Caire, dont les rues incarnent une histoire vivante et vivante.


À quoi ressemble la vie entre ces bâtiments aujourd'hui ? Et l'espace public peut-il encore être le théâtre de rencontres humaines ?


Du rythme de vie au silence des contractions, Bagdad était autrefois une toile de couleurs et d'animation, avec ses cafés débordant de conversations, ses marchés où les mains s'entrelaçaient et ses places racontant des histoires d'antan. Mais la guerre et la violence ont transformé cet espace en un espace fragmenté par des barrières de béton et la peur, durant une période cruciale de l'histoire de Bagdad, après l'occupation de 2023. Plus tard, les espaces publics ont disparu au profit des embouteillages et des bidonvilles. La ville, autrefois un pôle d'attraction pour la promenade et la contemplation, appelle aujourd'hui à la hâte et au repli.


Le Caire, en revanche, raconte une autre histoire de contradictions : une ville historique au cœur vibrant, entourée de nouveaux quartiers sans âme. Les trottoirs étroits obligent les piétons à se rassembler en troupeau, et les parcs publics sont soit négligés, soit clos de murs. Même les cafés populaires, autrefois lieu de rencontre pour les petits rêves, disparaissent face à l'essor des centres commerciaux fermés, où la socialisation se transforme en consommation et l'espace public en commodité privée.


Dans son livre « La vie entre les bâtiments », Jan Gehl divise la vie urbaine en trois catégories :


- Nécessaire, comme aller travailler ou faire ses courses ;


- Facultatif, comme s'asseoir dans un café pour le plaisir ;


- Social, ces rencontres spontanées qui créent une communauté.


À Bagdad et au Caire, seules les activités essentielles subsistent, tandis que celles qui suscitent des émotions et favorisent l'appartenance ont décliné. Pourquoi ? Parce que l'urbanisme n'accueille plus les gens, les forçant à se cacher derrière les vitres de leur voiture ou les murs de leur maison.


L'espace public est le miroir de la société. Que voyons-nous à Bagdad et au Caire ?


Dans son livre « Des villes pour tous », Gehl propose une solution simple :


- De larges trottoirs pour flâner sans crainte ;


- Des bancs à l'ombre des arbres, où les inconnus peuvent rencontrer leurs voisins ;


- De petits espaces verts entre les bâtiments.


Ces petits détails redonnent de l'humanité à une ville. Peut-être que de simples terrasses de café ou des passages piétons sécurisés suffiront à redonner vie aux rues.


La leçon que Jan Gehl présente dans ses livres « La vie entre les bâtiments » et « Des villes pour tous » est claire : une ville prospère n’est pas un ensemble de bâtiments, mais plutôt les souvenirs qui s’y créent chaque jour. Bagdad et Le Caire ont une histoire d’urbanisme dynamique, mais il faut la redécouvrir. Ce qu’il faut, ce ne sont pas de nouveaux gratte-ciel, mais plutôt la renaissance de ces espaces où un enfant peut jouer, où deux voisins peuvent partager une tasse de thé, ou où une idée peut naître d’une rencontre fugace.


Alors, écouterons-nous la voix de Gehl, ou continuerons-nous à construire des villes plus inertes que vivantes ?

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