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"Less is more" Un appel à restaurer le respect de la simplicité réfléchie



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Dr Alaa Al-Tamimi – 24 mars 2025


La célèbre citation de l’architecte Mies van der Rohe, « Less is more » (« Moins, c’est plus »), m’a toujours interpellé. Elle peut paraître paradoxale au premier abord, mais en réalité, elle traduit une philosophie globale de la conception et de l’aménagement, qui s’applique non seulement à l’architecture, mais aussi à la manière de construire les villes… et de mener la vie.


Parmi les villes qui ont un besoin urgent de cette philosophie figure Bagdad, une ville qui a connu pendant des siècles un mélange de génie urbanistique et d’improvisation désordonnée. Aujourd’hui plus que jamais, elle doit retrouver sa simplicité fonctionnelle et son esprit urbain.


Bagdad souffre depuis longtemps d’une structure administrative et technique complexe qui l’épuise : réseaux routiers déséquilibrés, chevauchement des compétences entre la municipalité de Bagdad et la province, et infrastructures délabrées qui pèsent à la fois sur les habitants et les autorités locales.


Appliquer ici la philosophie du « moins, c’est plus » signifie se concentrer sur les vraies urgences urbaines, comme l’expansion horizontale incontrôlée qui dévore les terres agricoles et renforce la dépendance à l’automobile, aggravant ainsi les crises de circulation et la pollution.


Bagdad n’a pas besoin de nouvelles extensions. Elle a besoin de revitaliser son centre, d’augmenter la densité de façon réfléchie dans ses zones centrales, et d’adopter le concept de “ville de proximité” qui réduit les distances et redonne vie aux quartiers.

Entre les trottoirs occupés et le manque d’espaces publics propices à la promenade, Bagdad a perdu une grande partie de son âme sociale et communicative.


Adopter cette philosophie signifie repenser les rues pour les rendre conviviales pour les piétons, non seulement en éliminant les voitures des trottoirs et des marchés, mais aussi en développant des chemins piétons, des pistes cyclables, et un réseau de transports en commun efficace, avec des voies dédiées aux bus et véhicules collectifs — tout cela sans perdre de vue l’identité architecturale de Bagdad.


La recherche effrénée de modèles architecturaux étrangers, la construction de gratte-ciel et l’imitation aléatoire de styles internationaux ont fait perdre à certains quartiers leur caractère originel.


Si la solution réside dans un retour à une architecture inspirée du contexte local, alors la simplicité n’est pas qu’un choix esthétique : c’est une identité urbaine résistante à l’effacement.


Bagdad a besoin d’un urbanisme souple et clair. Ce qui freine son développement, ce n’est pas l’absence de lois, mais leur complexité, leurs contradictions et le manque de vision unifiée.


Passer à un urbanisme clair, ouvert à l’initiative locale et à la créativité, permettrait de libérer l’énergie latente de la ville et de la diriger vers une reconstruction intelligente.

Je conclus en affirmant que Bagdad est une ville faite pour la vie, pas simplement une ville de passage. À une époque où les défis climatiques et économiques se multiplient,

Bagdad ne peut pas continuer à suivre le même chemin.


La philosophie du « moins, c’est plus » n’est pas un luxe intellectuel, mais un appel à repenser la ville comme un espace de vie, d’interaction et d’appartenance.


La Bagdad que nous voulons n’est pas un musée figé, ni un chaos de tours et de béton, mais une ville simple, souple, profonde… comme le fleuve qui la traverse.

Faisons de Bagdad un lieu où l’on vit pleinement… pas juste une halte sur notre route.

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