« Un esprit fermé ne construit pas une nation : un appel à l'ouverture pour un nouvel Irak »
- Alaa Tamimi
- 9 avr.
- 2 min de lecture
Chers amis,
Nous sommes les enfants d’un pays diversifié, riche de cultures, de composantes, de religions et de dialectes. Malheureusement, cette richesse est souvent devenue une source de division plutôt qu’une source de force, au fil de notre histoire, qu’elle soit lointaine ou récente.Nous sommes en désaccord, puis nous nous disputons ; nous dialoguons, puis nous nous attaquons ; et nous rejetons les autres simplement parce qu’ils sont « différents ».
Dans ces circonstances, alors que l’Irak traverse actuellement une période de calme — qui se prolongera inévitablement grâce à la sagesse des sages — il est utile de relire ce que disait le regretté penseur irakien Ali al-Wardi dans son livre La Farce de l’esprit humain :
« Celui qui ne quitte jamais son environnement de naissance, qui ne lit que des livres qui renforcent ses croyances héritées, et qui se concentre uniquement sur la culture de sa patrie, ne peut être neutre dans son jugement. On attend plutôt de lui qu’il soit imprégné d’un nationalisme farouche et d’une fermeté intellectuelle. »
Ces mots ne remettent pas en cause notre attachement à nos convictions, mais dénoncent la stagnation, l’enfermement et la vie dans une « bulle intellectuelle » d’où nous ne voyons rien d’autre.
Notre diversité n’est pas une malédiction, mais une opportunité. Des Kurdes et des Turkmènes aux Arabes, des chiites aux sunnites, des chrétiens aux Yézidis et aux Mandéens, l’Irak est une entité multiforme.La coexistence ne peut réussir que si nous apprenons à voir le monde différemment.
L’isolement engendre l’intolérance. Lorsque nous ne lisons que ce qui conforte nos idées, que nous ne nous lions d’amitié qu’avec ceux qui nous ressemblent, et que nous rejetons ceux qui ne sont pas d’accord, nous devenons des « murs solides », nous fermant à la lumière.Notre pays, l’Irak, a payé un lourd tribut à cette intolérance par le passé.
La jeunesse irakienne est la véritable cheville ouvrière du changement. La génération post-2003 n’a pas créé le passé, mais elle détient les clés de l’avenir.Et cette clé réside dans l’ouverture à l’autre, non pas comme une menace, mais comme une opportunité de compréhension, et peut-être, de correction.
Comment remodeler notre conscience ?Apprendre et lire sur ceux qui pensent différemment de nous est essentiel : ne nous contentons pas d’accepter ce qui conforte nos convictions ; lisons aussi ce qui les contredit.Engageons un dialogue respectueux, ne ridiculisons pas ceux qui diffèrent, et acceptons que la vérité n’est pas absolue.Nous sommes tous en quête permanente de découverte.Nous devons croire qu’un nouvel Irak commence par l’esprit des jeunes.Nous ne pouvons pas construire un nouvel Irak avec des esprits dépassés, et nous ne pourrons instaurer la paix intérieure sans apprendre à respecter les opinions d’autrui.
L’ouverture n’est pas une faiblesse, mais une force.Douter de notre héritage n’est pas un blasphème, mais le début d’une prise de conscience.
Sortons de nos barrières intellectuelles, et construisons une patrie qui n’exclut personne.
Enfin, libérons-nous de la rigidité de nos jugements, et permettons à nos esprits et à nos cœurs de voir les autres avec un regard neuf, animé par le souci de l’unité de l’Irak et de son peuple.
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