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Fiers de parler la langue de la démocratie


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Le soir de l'annonce des résultats des récentes élections canadiennes, j'ai suivi la scène devant mon écran avec une attention soutenue. Les responsables ont annoncé les résultats définitifs avec rapidité et précision, confirmant que le Parti libéral avait remporté le plus grand nombre de sièges parlementaires, assurant ainsi le maintien des libéraux au pouvoir. Ce qui m'a captivé à ce moment-là, ce n'était pas seulement le résultat, mais la manière dont il a été accepté. J'ai vu les chefs des partis rivaux, qui venaient tout juste de participer à des débats houleux, sortir pour offrir leurs félicitations dans un langage poli, des discours calmes et responsables, exempts d'insultes et d'accusations de trahison, et remplis de promesses de continuer à travailler dans l'opposition au service des citoyens. En tant que Canadien, j'étais fier : tel est le vrai visage de la démocratie. Ce n'est pas seulement la victoire qui crée la grandeur, mais l'acceptation de la défaite avec dignité et la reconnaissance de la volonté du peuple sans remettre en question la légitimité de l'élection ni l'intégrité du système. J'ai ensuite pensé à comparer la situation aux États-Unis, dont la Constitution est le symbole de la démocratie depuis sa fondation en 1766. Malheureusement, nous observons aujourd'hui la dégradation du langage et les vagues de scepticisme entourant les résultats des élections entre les partis républicain et démocrate. L'image de la démocratie y a été ternie aux yeux du monde, et les campagnes électorales se sont transformées en batailles personnelles, empreintes d'accusations et d'hostilité, sapant la confiance des citoyens américains dans leurs institutions et véhiculant une image déformée de la démocratie américaine.


Plus inquiétant encore, si l'on observe les pays en développement, la dégradation du langage politique n'est pas un phénomène passager, mais plutôt une culture bien ancrée. Là-bas, les politiciens trahissent leurs adversaires pour leurs divergences d'opinion, les accusant de trahison et transformant leur rivalité en opposition existentielle plutôt qu'en compétition légitime. Nombre de nos systèmes politiques manquent de maturité pour accepter la défaite, comme si perdre signifiait exclusion et non apprentissage.


Mon message aujourd'hui, aux sociétés qui cherchent encore à construire de véritables démocraties, est le suivant : la démocratie ne se résume pas aux urnes ni aux chiffres annoncés sur les écrans. C'est une culture du respect. Respect des concurrents, respect des opinions des autres, respect de la volonté des électeurs et respect des institutions.


Si nous aspirons à des démocraties solides, nous devons d'abord changer notre langage politique. Nos sociétés ne peuvent prospérer si les partis continuent de considérer leurs adversaires politiques comme des ennemis existentiels. Les citoyens ne respecteront pas non plus les résultats des élections si leurs dirigeants continuent de semer le doute avant chaque scrutin.


Tirons les leçons de ces scènes


et réfléchissons : comment pouvons-nous cultiver dans nos sociétés une culture de la reconnaissance de l'autre ? Comment pouvons-nous faire des élections une occasion de construire des ponts, et non de creuser des tranchées ?

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