« Intellectuels du copier-coller" : quand la culture se réduit au copier-coller
- Alaa Tamimi
- 23 mai
- 3 min de lecture
Dans un monde où la vitesse a pris le pas sur la contemplation, et la quantité sur la qualité, il est devenu facile pour quelqu’un de revendiquer la culture d’un simple clic, ou d’être présenté comme un penseur avec une simple citation en passant. Aujourd’hui, j’aborde deux phénomènes répandus dans le paysage intellectuel arabe contemporain : l’intellectuel qui se contente de répéter les idées des autres sans les examiner ni prendre position, et l’intellectuel clickbait qui transforme une interaction superficielle en une prétention à la conscience.
Cet article est une invitation à faire une pause, à réfléchir et à poser une question simple et profonde :
À une époque où l'intellectuel était considéré comme la conscience de la nation, sa conscience critique et son soutien intellectuel, un autre modèle déformé et hybride est apparu, similaire en apparence mais différent dans son essence : l'intellectuel du transfert, suivi, avec l'émergence de la technologie et des médias numériques, par l'intellectuel du clicker.
Un transmetteur cultivé est quelqu’un qui mémorise des textes, récite des dictons et se vante des dictons et des idées qu’il a recueillis auprès des autres sans faire aucun effort pour les comprendre ou les critiquer. Il lit pour citer, non pour analyser, et il transmet pour impressionner, non pour déconstruire. Il présente les textes tels qu’ils sont, ce qui peut induire en erreur l’auditeur ou le lecteur, se persuadant qu’il fait partie de « l’élite » simplement parce qu’il a lu, entendu ou participé à une séance culturelle.
Puis vint l’ère du clic, où le simple fait de cliquer sur un bouton, de copier un lien ou de publier une citation fantaisiste sur les réseaux sociaux suffisait à donner à certaines personnes un faux sentiment de connaissance. Ce qui nécessitait autrefois du temps de réflexion et d’analyse se réduit désormais à un simple clic, sans contexte, sans profondeur et sans responsabilité intellectuelle.
Le problème ne réside pas dans la transmission elle-même, car la connaissance et l’accumulation de connaissances se construisent sur la transmission et la compréhension, mais plutôt dans la mentalité qui ne fait pas de différence entre transmission et imitation, et entre écoute et réflexion. Chez un intellectuel qui reproduit les idées des autres, non pas pour s'appuyer sur elles ou pour être en désaccord avec elles, mais pour confirmer ce qui a été dit, tel qu'il a été dit, sans effort, sans questionnement ni prise de position.
Nous vivons aujourd’hui à une époque où les voix se mêlent au bruit, où l’abondance des publications dépasse la profondeur de la pensée et où l’arène culturelle est encombrée de gens qui « prétendent savoir sans le posséder réellement ». Tous ceux qui lisent un texte ne prennent pas conscience de son contenu, et tous ceux qui cliquent sur un lien ne deviennent pas partie prenante de sa signification.
La culture n’est pas un luxe, c’est une forme de résistance. Il résiste à la superficialité, à la prétention et à l’imitation aveugle. Cette résistance commence par un moment de courage où une personne cesse de se répéter et se demande : Est-ce que je crois en ce que je transmets ? Est-ce que ce que je partage me reflète vraiment ?
En conclusion, un véritable intellectuel est celui qui éclaire les recoins obscurs, même avec un seul mot, et non celui qui comble les vides.
Évitez d’être juste un émetteur… ou un celui qui clique.
Soyez une voix, pas un écho
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